Annick Papillon
 

Dernièrement, j’ai eu la chance de rencontrer une passionnée de la politique. Et quand je dis passionnée, il s’agit d’un euphémisme!

On entend souvent l’expression ‘’être sur son X’’ et bien je peux affirmer hors de tout doute que Annick Papillon est sur le sien.

Pourquoi faire le portrait de cette femme? Parce que Femmes Alpha est née dans sa circonscription (Québec), et qu’Annick Papillon nous a supportées dès le jour un, à notre lancement. Vous allez me dire que c’est normal : elle est politicienne! Oui, c’est vrai. Mais il ne faut pas oublier que la cause de l’égalité hommes-femmes a toujours été très chère au Nouveau Parti Démocratique (NPD).

Bien qu’Annick est une ultra passionnée de la politique et des enjeux touchant les citoyens (j’ai dû lui rappeler quelques fois que, malgré que j’adore jaser politique, le but de mon portrait était plus axé sur son opinion en tant que femme et non seulement en tant que politicienne), elle est vive d’esprit, positive, persévérante, et a de grands rêves.

Voici ce qu’elle m’a confié :

Quelles raisons vous ont poussée à vous lancer en politique et comment ça s’est passé?

Quand j’étais journaliste, je m’intéressais beaucoup à l’autre côté de la médaille…au côté politique. Parfois, je me voyais bien attachée politique.

Puis le NPD m’a approchée 1 an avant les élections, 6 mois avant les élections, puis 2 semaines avant. J’ai été talonnée! On m’a convaincue et je me suis lancée, simplement. Le momentum était là.

Au départ, j’avais un peu peur du sceau partisan, de par ma profession de journaliste qui demande la neutralité. Aussi, je savais qu’une fois lancée, je ne pourrais plus revenir à la neutralité. C’est un choix qui impliquait beaucoup pour moi. J’hésitais tellement, j’avais un peu peur et c’est normal….mais en même temps, j’avais un grand intérêt pour la politique et pour la circonscription de Québec.

Moi, mon ADN est Québec. Je comprends la mentalité et nos manières de prendre des décisions ici.

À Québec, on a une approche qui est clientéliste; on aime connaître la valeur, et on a une approche économique des enjeux. Aussi, à Québec la langue française est très importante. Pour moi, ça signifie beaucoup de m’être lancée dans ma ville.

Or, dans ma génération, on n’aime pas trop l’ultra-partisanerie. Moi, je suis intéressée par les choix, les débats et les différentes options pour notre société, pour Québec. Personnellement, j’ai vraiment fait un choix de valeurs. J’aimais beaucoup l’approche humaine et les valeurs du parti NPD.

Qu’est-ce que ça prend pour faire de la politique?

Ça prend beaucoup d’écoute et un intérêt pour les gens. De la curiosité et de l’intérêt pour divers enjeux et solutions sur le terrain aussi.

Je ne pense pas que ça prenne une formation spécifique pour faire de la politique. En fait, tout dépend de notre motivation et de notre volonté de s’impliquer. Aussi, il faut être capable de développer un bon réseau de gens qui vont te donner de l’information pertinente sur le terrain.

Je pense aussi qu’être un bon communicateur ça aide vraiment, parce que les gens ont besoin de comprendre les enjeux, qu’on vulgarise des problèmes complexes.

Et puis, il faut se mouiller!

Est-ce que le milieu de la politique est plus difficile pour une femme que pour un homme à votre avis?

C’est une vérité. On a de la difficulté à l’admettre, mais oui, c’est encore un peu plus difficile pour les femmes que pour les hommes. Mais ça tend à changer avec les générations. Même chez les 20-25 ans, les femmes ont plus tendance à foncer. Et on commence à s’habituer au changement et à la place que les femmes prennent de plus en plus dans la société et dans des postes de pouvoir.

Mais en général, en politique, une femme se fait plus juger. Surtout physiquement, par rapport à son habillement par exemple. Heureusement, ça n’arrive pas trop fréquemment!

Pourquoi en ce moment, au Québec, nous n’avons pas de femme chef de parti?

Le fameux plafond de verre.

Au départ, il faut comprendre qu’on a moins de recrues (femmes), donc moins d’élues…donc moins de chance d’avoir une femme chef de parti.

Ça part de la base.  À chaque élection, c’est un défi de recruter des femmes. On s’interroge vraiment sur des solutions et des moyens de convaincre plus de femmes de se lancer.

Aussi, on a vu des hommes se faire donner des châteaux fort…alors pourquoi pas des femmes?

Malheureusement, les femmes ont tendance à se faire un procès en partant. À être dure envers elles-mêmes et à manquer de confiance en elles peut-être.

Quel genre de femmes cherchez-vous en politique ? Et comment faites-vous pour en recruter? Et que pourrait-on faire pour convaincre des femmes de choisir une carrière comme politicienne?

Au sein du NPD on a un comité pour recruter plus de femmes. Il faut se donner ce mandat-là, c’est important. Personnellement, je suis très représentative du profil NPD, car notre meilleur électorat est la jeune femme universitaire.

Il faut aider les gens à développer leur confiance en eux. C’est aussi pertinent pour les gars!

Je pense que ça pourrait être intéressant d’avoir un cours en psychologie ou en développement personnel à l’école. Je supporte cette idée même s’il s’agit d’une responsabilité provinciale et non fédérale.

On devrait apprendre à mieux se connaître dès notre jeunesse. À voir et à accepter nos différences, puis à développer notre estime de soi, pour en arriver à se dire ‘’j’ai pas peur d’essayer, de foncer, d’y aller’’.

On pourrait aussi avoir des cours sur l’éducation à la citoyenneté ou sur le droit, par exemple, comme en Ontario. Les gens se sentiraient peut-être plus préparés et confiants pour se lancer en politique.

Est-ce compatible être en politique et avoir une famille?

Je crois que oui. On a un bébé boom au NPD! Mais ce n’est pas évident, même pour les pères en politique; l’autre conjoint doit avoir un grand sens de la conciliation. Les politiciens ont des horaires particuliers et participent à beaucoup d’évènements.

Au sein du NPD, on a beaucoup de député(es) qui se promènent avec leur bébé dans leurs bras, même en caucus! Donc c’est faisable.

Est-ce qu’il reste du chemin à faire pour les femmes au Québec?

Il faut améliorer le ratio des femmes sur les CA. Je crois que c’est très gagnant économiquement d’avoir les 2 sexes dans un CA. Je crois beaucoup à la zone de parité.

Mais c’est long convaincre une femme d’embarquer sur un CA. D’ailleurs, le YMCA organise des cours pour convaincre les femmes de leurs aptitudes!

Par contre, je suis confiante quand je regarde les plus jeunes….elles ont plus confiance en elles!

Aussi, les jeunes femmes entrepreneurs sont plus nombreuses que jamais. C’est très positif.

Que pensez-vous des femmes québécoises?

Les femmes québécoises sont belles à voir. Elles sont jolies et brillantes. On a fait  beaucoup de changements en peu de temps : c’est d’ailleurs le 75e anniversaire du droit de vote des femmes au Québec. Dire qu’on a été les dernières! Les américaines, les françaises et canadiennes anglaises l’ont obtenue avant nous….mais on s’est vraiment rattrapées et on les a dépassé toute la gang! On avait clairement ces aptitudes en nous. 

Qu’aimeriez-vous dire aux jeunes femmes d’aujourd’hui?

Je voudrais leur dire de se lancer en politique ou dans tous ce qui les passionne. Mais en politique on aura jamais trop de bons joueurs.

Et plus il y aura de bons candidat(es) sur la ligne de départ, meilleur(es) seront les député(es).

Je suis une idéaliste!

Devenir femme entrepreneurs aussi c’est bien! Mais peu importe votre rêve, il ne faut pas avoir peur d’oser et d’aller chercher les ressources pour réaliser vos rêves. Aussi, sachez que les périodes d’inquiétudes et de solitude sont normales…on passe toutes par là.

Avez-vous eu et avez-vous encore des modèles, des femmes qui vous inspirent? Lesquelles?

Il y en a plusieurs! Mais il y a une femme au Québec qui m’impressionne beaucoup, et c’est Monique Jérôme-Forget. Non pas pour ses idées politiques (elle est à droite!), mais parce qu’elle ne s’excuse jamais d’être une femme et d’avoir réussi. Elle s’assume à 200%. Elle vient d’une génération antérieure à la nôtre et pourtant elle a une immense confiance en elle. Elle s’est tenue debout devant Jean Charest plusieurs fois. Elle a du cran et une assurance hors du commun cette femme. Aussi, elle s’intéresse beaucoup à la question du plafond de verre. Et elle ose dire ce qu’elle pense vraiment et assume pleinement ses opinions, sur la place des femmes sur les CA notamment.

Finalement, avez-vous un grand rêve?

J’en ai tellement. Mais j’ai appris que ça ne servait à rien de faire des plans de match. Il faut être ouvert aux opportunités.

Mais un grand rêve? J’aimerais être ministre.

Je serais prête pour de nouveaux défis, plus grands.

 

 

 

 

 

Je suis co-fondatrice d'Atelier Ëdele, une entreprise de literies en coton biologique pour les enfants avec une forte philosophie d'engagement social. Je contribue également depuis peu au club des petits déjeuners comme co-organisatrice d'un événement d'envergure. Au sein de la communauté Femmes Alpha, je joue le rôle d'éditrice en chef et idéatrice. Ayant déjà fait quelques changements de carrières, passant de pilote d'avion à analyste politique à entrepreneure, je peux affirmer être une femme guidée par ses passions profondes et qui aime l'aventure! Comme vous, je désire laisser une empreinte positive dans la société et inspirer d'autres femmes à suivre cette voie. Ah et je suis également mère!

 

joelle@femmesalpha.com

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