Le long et lent chemin pour l'égalité des droits des femmes versus hommes est toujours d'actualité en France.

Depuis quelques mois, les différentes études publiées - aux É.-U. dans le secteur du numérique - tendent à montrer que les équipes de direction mixtes ont des indices, des performances, des résultats supérieurs à ceux produits par des équipes 100% masculines.

Pour mémoire, les premiers éléments divulgués sur ce sujet de "mixité / rendement" datent de 2002 !

"L'étude menée par Catalyst concluait que parmi les cinq cents plus grosses compagnies américaines qui réussissaient le mieux comptaient des femmes dans leur conseil d'administration ". (1) Comme un drapeau de victoire, les réseaux de femmes en particulier et de nombreux hommes convaincus des bienfaits de la mixité ont mis en avant cette bonne nouvelle factuelle !

La performance chiffrée et avérée est-elle donc devenue le seul axe de progrès de nos sociétés ?

La mixité serait-elle devenue un outil de mesure sur le rendement, la rentabilité justifiant son existence ? L'injonction à plus de profits est-elle en soi un projet ? Un outil ? Une valeur ? Un avenir ?

À ce jour, les résultats des directions mixtes sont positifs en termes de produits financiers. Cela a induit une certaine exaltation et un partage de cette éclaircie.

Cet argument mathématique, financier est-il devenu un étendard en faveur de l'égalité professionnelle ? Ah non... Ce n'est "que" la mixité...

Depuis 1946, l'égalité hommes-femmes est un principe constitutionnel. Déjà 70 ans.

On peut observer l'évolution du vocabulaire, les expressions utilisées fluctuantes selon les périodes. La sémantique est bien ce dont on parle, ce que l'on veut énoncer.

- L'égalité des chances

- Les quotas

- La parité

- L'égalité réelle

- La mixité

....

En 1976, la directive de l'Europe introduit la notion d'égalité de traitement pour passer de l'égalité formelle à l'égalité réelle. Elle enjoint les États à prendre des mesures afin de supprimer toutes les dispositions de discrimination envers les femmes.

Déjà 40 ans.

Nous sommes, mois après mois, en train de passer (de descendre ?) de l'égalité (professionnelle entre les hommes et les femmes) à la case mixité à laquelle nous conférons une obligation de performance. Une justification à créer la mixité alors qu'il s'agissait, s'agit plutôt d'égalité ? Non ?

Imaginons dans quelque temps, que soient décrétés de nouveaux critères de rendement de cette mixité et que ceux-ci soient moins bons voire négatifs ? Quelque chose nous dit que si ces chiffres étaient en baisse, il se pourrait bien qu'ils soient attribués, en priorité, à la présence des femmes dans ces équipes mixtes.

Et ce qui était devenu un atout deviendrait-il un tabou ?

L'écrivaine Simone de Beauvoir (1908-1986) nous a laissé cette vision :

"N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devez rester vigilantes toute votre vie."

Nous pouvons nous réjouir de la publication de résultats positifs et probants de meilleures performances au coeur des équipes mixtes sous réserve d’une véritable vigilance.

Il nous semble que les femmes ont aussi à décider du monde présent et futur dont elles rêvent. Est-ce celui que les hommes ont tracé depuis des siècles ? Et qui ne va pas si bien...

Simone Veil nous invite à être nous-mêmes :

"Ma revendication en tant que femme ? Que je ne sois pas contrainte de m'adapter au modèle masculin ..."

Alors, nous souhaitons que cette mixité soit une source d'idées d'innovations sociales pour un mieux-vivre ensemble, un contrat de confiance et un véritable levier pour l'égalité professionnelle.

C'est vraiment cela qui nous donnerait une vision d'espoir, de l'énergie, de la force et des sourires à l'idée du monde que nous voulons construire ensemble.

(1) "L'égalité sous conditions" - Genre, parité, diversité - par Réjane Sénac

 

Révision: Josée Goupil

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DOMINIQUE CROCHU

Pionnière du développement de la pratique du football par les filles au sein de la Fédération de football français, Dominique Crochu est une femme de conviction et d’engagement. Première femme nommée Directrice en charge des Nouveaux Médias (2002-2012) à la FFF, dirigeante du F.C. Vendenheim, membre de l’Association Femmes du Digital Ouest et du Comité Éthique et sport, Dominique Crochu s’investit pour la place des femmes dans le sport et dans la société en général. Son blog avenirdusport.fr, engagé pour une gouvernance des instances sportives avec plus de femmes, de diversité, et d’acteurs intergénérationnelles, en est le parfait l’exemple. 

@DominiqueCrochu

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