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Félicitations, tu es nouvellement [insère ici le titre de ton nouveau poste]!  

Pourtant, il y a quelque chose qui t’empêche de sauter au plafond. Tu es peut-être même un peu triste. Pourquoi? Tu as du mal à te l’expliquer. Tu as pourtant souhaité et travaillé fort pour ce changement.

Avant de penser que tu as fait une grosse gaffe, sache qu’on sous-estime beaucoup l’importance de changer de poste. C’est particulièrement vrai alors que notre génération gère de plus en plus sa carrière en mode portfolio, en sautant d’une organisation à l’autre. Si le changement fait partie de notre quotidien, alors comment explique-t-on qu’un changement de carrière désiré peut s’avérer difficile? La psychologie nous offre quelques pistes pour comprendre ce cocktail d’émotions et mieux s’y préparer.

Pourquoi?

Qu’est-ce que tu fais dans la vie? C’est l’une des questions les plus utilisées pour briser la glace et la plupart du temps on y répond en invoquant son emploi. Ça n’a rien d’étonnant puisqu’on passe plus de temps au bureau qu’à la maison, avec des amis, en famille ou au repos. Le travail prend une place importante dans nos vies et devient une partie importante de notre identité.

L’identité est définie comme l’essence d’une personne, ou l’ensemble des caractéristiques d’une personne ou d’un groupe qui la distingue des autres. On construit donc le sens de notre identité en comparaison avec les autres : ceux qui me ressemblent et ceux dont je diffère. C’est pourquoi changer d’emploi vient drastiquement bousculer comment on est perçu et à qui l'on s’identifie. À travers notre emploi,  on s’identifie, on y trouve un statut et l'on forge un sentiment d’appartenance à un groupe. Lorsqu’on quitte, on est soudainement coupé d’une bonne partie de notre identité.

On est mieux préparé au choc qui suit la perte d’un emploi qu’à celui qui accompagne un changement d’emploi volontaire. Pourtant dans les deux cas survient un sentiment de perte. Mon conseil : Donne-toi le droit d’être en deuil et de vivre des émotions aux antipodes. C’est tout à fait normal et il faut s’accorder du temps.

Il faut se donner du temps, car on quitte pour un emploi qui est encore ambigu. Ce n’est pas un simple échange d’étiquette; on ne troque pas un badge de l’organisation X pour un celui de l’organisation Y. Les attentes, les tâches, les relations avec les collègues et la façon de jouer ce nouveau rôle seront plus ou moins différentes. C’est donc une nouvelle identité qui doit se forger.

Astuces

Il n’existe pas de solutions miracles pour réussir ta transition. Par contre, il est possible de la faciliter. Il faut d’abord que tu reconnaisses que tu laisses derrière toi un territoire connu, un rôle dans lequel tu savais comment bien performer. Il est normal que tu vives une panoplie d’émotions et il est important de reconnaitre que cette période est stressante et exigeante.

Pour réduire ton niveau de stress et favoriser ton intégration, il y existe un truc bien simple qu’on met rarement en place. Prévois des rencontres fréquentes avec ton nouveau patron. Pourquoi? Pour bien comprendre ses attentes face à ton rôle et les projets dans lesquels tu es impliqué et avoir du feedback sur ton intégration. Dit comme ça, ça semble aller de soi et pourtant, on a souvent le réflexe opposé. On remarque que trop souvent les nouveaux employés ne sollicitent pas suffisamment l’appui de leur nouveau patron.

Pourquoi est-ce qu’on se priverait de comprendre mieux l’organisation et l’équipe qu’on intègre? C’est un mauvais réflexe qui est souvent motivé par le fait qu’on souhaite prouver à notre nouveau supérieur qu’il a eu raison de nous embaucher. On peut chercher à paraitre autonome, capable de relever le défi, etc. Tout ça, c’est bien beau, mais vraiment difficile de performer lorsqu’on ne comprend pas bien notre rôle ou les attentes de notre patron. Alors je t’encourage à aller contre ton intuition et à prévoir des rencontres formelles et informelles plusieurs fois par semaine avec ton patron pour t’assurer d’être bien alignée. Plus vite tu comprendras les choses qui ont de la valeur à ses yeux, plus vite tu te démarqueras.

La beauté d’un changement de poste c’est qu’il s’agit aussi d’un changement identitaire. Plusieurs études, dont les travaux de la professeure de la Harvard business school, Herminia Ibarra, encouragent les individus à expérimenter avec leur identité. C’est un bon moment pour essayer une nouvelle approche avec tes collègues et tester de nouvelles stratégies. Par exemple, si tu es quelqu’un plutôt introverti et que tu as envie de sortir un peu plus de ta zone de confort, tu pourrais te donner le défi de partager au moins une idée à toutes les rencontres d’équipe. Pour tes nouveaux collègues, ce nouveau comportement n’a rien d’étonnant puisqu’ils n’ont pas encore été exposés à tes comportements « typiques ».  C’est beaucoup plus facile d’essayer de nouvelles choses dans un contexte où tout est nouveau. Profite de ce contexte pour expérimenter et adopte une approche ludique, en testant des identités légèrement différentes. Ça peut t’aider à accélérer ton développement.

Peu importe les astuces que tu mettras en place, soit patiente. Il se peut que tu trouves ton rythme un peu plus lentement que tu l’aurais souhaité, mais saisis cette opportunité pour essayer de faire les choses différemment.


Isabelletremblay

Isabelle Tremblay

Docteure en psychologie organisationnelle, travaille comme consultante en développement organisationnel depuis 2015. Elle travaille avec les organisations et les équipes afin d'optimiser de leurs processus et accompagne les gestionnaires dans le développement de leur leadership. Elle a publié plus d'une quinzaine d'articles scientifiques et a présentée lors de nombreux congrès internationaux. 

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