Présenter la femme dans son plus simple appareil pour l’amour de l’art. Ce défi d’envergure initié par Frédérique Marseille et Émilie Mercier devient progressivement au centre des intérêts de la scène artistique montréalaise. En entrevue, Frédérique Marseille, cofondatrice du projet, en a profité pour expliquer l’essence du projet, sa conception de la femme et surtout en quoi l’art a la capacité de présenter et démystifier le corps féminin en s’exilant des stéréotypes. 

Deux artistes ont lancé un projet photographique en mettant l’accent sur la beauté des courbes féminines sans a priori, tout en contrecarrant les standards de beauté bâtis par l’industrie de la mode et suivis à la lettre par les sociétés occidentales. Leur démarche tend à briser les codes préétablis qui n’ont de cesse de complexer les femmes, en plus de tronquer la réalité. Exit les fixettes sur les vergetures, la peau d’orange, les bourrelets et autres culottes de cheval. Mesdames, le projet 1001 Fesses a la vocation de vous embellir.

 

Hymne aux courbes féminines

Le dessein de cette démarche artistique est de faire ressortir l’esthétisme du corps féminin. « Tous nos corps sont uniques et finalement, ils sont très beaux […]. Au bout du processus, peut-être qu’on s’aimerait un petit peu plus », soutient en ce sens Frédérique Marseille, conceptrice, entrepreneure et développeuse du projet.

Pour aller plus loin, la raison même de cette initiative se veut être une véritable consécration de la femme. « C’est comme de faire un éloge, une ode à la beauté, à la femme », a-t-elle précisé. Elle ajoute : « Une femme c’est comme une louve, c’est comme un bel animal sauvage qu’il faut permettre de remettre en liberté […]. C’est peut-être un peu New Age, mais moi c’est comme ça que je le vois ».

L’idée du projet est venue au cours d’une discussion entre les deux amies au sujet de leurs postérieurs et leurs complexes. « Mes fesses sont comme ça, j’ai des vergetures […]. On riait de nous dans l’autodérision », explique la conceptrice du projet. Le projet est ainsi né dans l’optique de cultiver la beauté féminine, en décomplexant les femmes embarrassées par leurs formes généreuses.

Progressivement, elles ont demandé à des connaissances de poser et le concept a pris de l’ampleur. Émilie Mercier, la photographe, avait déjà eu l’occasion de travailler sur le corps féminin en réalisant de nombreux clichés. La photographie argentique est ainsi devenue le cheval de bataille du projet, avec l’ambition de réunir 1001 paires de fesses à immortaliser sur papier glacé. En redéfinissant la notion de beauté du corps féminin et levant le tabou sur la nudité, les fondatrices veulent prouver que chaque femme peut retrouver, « par l’art, la grâce d’une Vénus ».

 

Situations abracadabrantes et échanges productifs

Le principe sur lequel reposent les photographies est celui de la rencontre avec les modèles. La plupart du temps, les deux artistes se rendent chez la personne en question, ont une discussion, échangent, puis vient le temps de passer à l’action. « Je pense que pour nous c’est assez ludique […]. En tant que meilleures amies on savait que ça allait être une aventure assez cocasse de se retrouver chez des inconnues pour les photographier nues puis de se mettre à parler entre femmes [...]. Ça crée des échanges uniques », avoue Frédérique Marseille.

Dans la mise en œuvre du projet, il s’agit de la plus grande satisfaction pour la jeune femme. Selon elle, les rencontres sont un beau moment pour prendre un café, découvrir de nouvelles personnes, s’ouvrir et se raconter des anecdotes. «  On n’a tellement pas accès à ça dans notre monde […]. On est tellement chanceuses d’accueillir tous ces témoignages, ça nous fait grandir ».

Ces liens qui se tissent entre ces femmes sont également gages d’authenticité. Ces moments de partage sont, en ce sens, une forme de tribune dédiée à la femme. Elles peuvent ainsi se dévoiler sans jugement aucun, en cessant de se comparer à autrui. « On a découvert que ça faisait des rituels entre femmes. Dans notre société, on n’a pas beaucoup d’espace pour que les femmes se retrouvent et soient authentiques entre elles sans se faire la compétition », ajoute en ce sens la cofondatrice de 1001 Fesses.

 

Une démarche féministe ?

Une interrogation sur les fondements mêmes du projet est venue à se poser : Est-ce que la démarche artistique de 1001 Fesses se veut féministe ? Pour Frédérique Marseille, le côté « féministe » va de soi, même s’il ne s’agit pas de l’essence du projet. « C’est par défaut un peu féministe dans le sens où on se réapproprie le corps de la femme, on décide d’avoir un discours qui le défend ».

Le concept s’est affirmé dans une optique plus féministe au sens propre du terme lorsque leur compte Facebook a été supprimé, il y a une année, car le contenu comportait de la nudité. « C’est dommage que le corps d’une femme soit encore perçu aujourd’hui comme un objet pornographique », a déploré Frédérique Marseille.

Cet événement est venu renforcer le travail de 1001 Fesses toujours dans l’optique de faire changer les préjugés sur la femme et la nudité grâce à la photographie. « On accepte très bien ce titre-là, parce que c’est important de revendiquer la présence de notre genre puis la façon dont on le traite publiquement dans l’image et dans l’art », a-t-elle conclu.

 

Frédérique Marseille et Émilie Mercier exposeront à L’Arsenal, à Montréal le 25 octobre prochain.

Révision: Julie Grenier-Turcot

Crédit photo : Émilie Mercier. Photo de courtoisie, projet 1001 Fesses

 

 

 

 

 

 

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